Martinique Réserve de Biosphère : une initiative citoyenne pour développer durablement la Martinique
« L’humanité fait partie de la biodiversité » rappelle le CCNE dans son avis 125 sur Biodiversité et santé. Les interactions du monde vivant expliquent que la santé humaine, la santé animale et la santé de l’écosystème ne font qu’un, justifiant une approche globale de la santé et de l’environnement.
Par ailleurs, la notion de « crise écologique » souligne, depuis plusieurs années, que les activités de l’humanité peuvent conduire à des conséquences néfastes sur l’environnement qu’il s’agisse des pollutions et du réchauffement climatique avec, en retour, des atteintes à la santé humaine. Au cours des quinze dernières années, les enquêtes épidémiologiques ont souligné que les altérations des milieux écologiques, du fait des pollutions et des destructions d’espaces naturels, expliquent en partie l’émergence de nouvelles maladies humaines, notamment en ayant favorisé les vecteurs de ces maladies et les contacts avec eux. Dans le monde, les maladies infectieuses émergentes sont en augmentation (nouveaux virus grippaux, chikungunya, Dengue, Zika…) et représentent 14 millions de décès par an.
Dans ce contexte, la procédure de candidature de la Martinique pour le titre mondial de Réserve de Biosphère, attribué par l’UNESCO, est à saluer.
Ce titre rassemble les territoires engagés dans une démarche de développement économique et social durable, tout en préservant leurs richesses naturelles et culturelles. Il est un des plus anciens de l’UNESCO et constitue depuis 1970 un réseau mondial qui est actuellement de 686 Réserves de Biosphère dans 122 pays, 13 Réserves de Biosphère dans 7 pays de la Caraïbe et 14 Réserves de Biosphère en France dont la Guadeloupe et la Polynésie.
Une Réserve de Biosphère n’est pas une catégorie d’aire protégée. Elle n’impose aucune réglementation et ne s’appuie sur aucun pouvoir réglementaire. Elle émane d’une volonté locale et non de l’Etat. Elle concerne le territoire dans son ensemble, fait appel à ses municipalités et associe ses habitants à la définition des atouts qu’ils souhaitent mettre en avant pour leur territoire. Elle donne accès par ses réseaux à une coopération nationale, régionale et internationale, à des institutions internationales avec lesquelles travailler et à des financements internationaux.
En Martinique, la démarche de candidature est le fait de la société civile. Une association, Martinique Réserve de Biosphère (www.martiniquebiosphere.fr), a été créée en juin 2017 pour la mettre en place. Elle est constituée de 18 membres fondateurs représentant une grande diversité d’acteurs et regroupant aussi des personnalités de l’île. L’association ne bénéficie d’aucune subvention publique. Ses actions ne sont financées que par des dons privés et adhésions.
Elle organise des réunions publiques d’information et de co-construction de la candidature, dans les 34 municipalités de l’île. Depuis mi-septembre, les réunions se sont tenues au Diamant, à Case-Pilote, au Morne-Vert, au Prêcheur et à La Trinité en présence du Maire de la commune, de l’équipe municipale et des habitants.
Cette procédure de démarche participative, fédératrice et collective, où sont sollicités les talents et l’implication de tous, est caractéristique de la mise en place des Réserves de Biosphère. Chaque habitant est invité à participer et à s’exprimer. Chacun est acteur pour faire valoir les richesses naturelles et culturelles de son territoire, les savoir-faire, les produits et les activités en faveur du développement durable et aussi promouvoir les thèmes de la recherche scientifique et de l’éducation environnementale qu’il souhaite encourager.
Mondialement reconnu, le titre de Réserve de Biosphère sera un levier de développement économique et social et un outil de communication puissant pour la Martinique, en lui donnant accès à des réseaux de coopération. Il contribuera à la valoriser à l’échelle internationale et accroitre son attractivité et sa visibilité.
L’ERERM se devait de soutenir la démarche de candidature de la Martinique au titre de Réserve de Biosphère. Il s’agit d’un intérêt commun à préserver la capacité du monde vivant à continuer à créer de la diversité, à apprendre à coopérer avec la nature, à préserver l’imprévisible en matière d’évolution, quelles que soient les aspirations des acteurs économiques.
La crise écologique, parce qu’il en va de la santé de l’humanité, nous oblige à repenser nos sociétés en responsabilité et en solidarité.